5h du matin, je ne dors pas, pourtant l’endroit est calme.

Je pense à ce souci de cartes bancaires, il faut s’en occuper tant que la banque est ouverte (et oui, 8h de décalage…).

Je vérifie sur mon téléphone car j’ai demandé à ma maman de contacter la banque hier soir, et elle a répondu dans la nuit : « Trop de tentative de connexions avec des codes faux, les cartes sont bloquées définitivement ! ». Et là, les images reviennent en boucle. Cette station-service à la sortie de Moab, une première tentative pour faire le plein avec un écran incompréhensible qui demande le code de la carte, suivi d’un deuxième écran tout aussi incompréhensible qui demande encore le code plusieurs fois, nos tentatives sont vaines, toujours refusées. On met la deuxième carte, et même cinéma… Puis la recherche d’une deuxième station d’essence, puis d’une troisième qui nous confirme que nos cartes sont hors d’usages. M… grosse galère !

Alors à 6h du matin, je téléphone à ma maman par WhatsApp (seul moyen de communication que nous avons car notre forfait Free ne peut pas nous servir pour téléphoner aux USA. Depuis la disparition du réseau 3G ici, en mars dernier Free a passé un accord avec AT&T mais des problèmes techniques ne permettent pas les appels par la voix, seuls les données mobiles et internet fonctionnent…). Je l’entends très bien qui me répond, mais elle ne semble pas m’entendre… Je renouvelle l’appel plusieurs fois, toujours sans aucun son. Je fouille les réglages, je ne comprends pas (et ce n’est toujours pas résolu). Je pense (à tort) que c’est un problème de réseau et de réception. Je mets en route le camion et démarre, il faut se rapprocher d’une ville pour avoir plus de réseau et pouvoir démêler tout ça.

Après 10 km sur une piste en terre, nous voici à Green River. Je m’approche d’un hôtel pour avoir le wifi, ça ne sert à rien. Isabelle s’est réveillée, on essaie avec son téléphone et là, le son fonctionne normalement… Entre temps, ma maman est montée à la BP de Font-Romeu. Elle me passe l’employée qui me confirme la perte des deux cartes, je râle et demande à avoir une conseillère qui me confirme une fois de plus que notre carte bancaire commune et la Premium Gold que j’avais acheté pour le voyage sont mortes ! La puce se détruit après plusieurs codes manqués. En plus je suis certain de ne pas avoir confondu les codes. Il n’y a pas de solution de secours et nous n’avons plus d’argent liquide utilisé pour le dernier plein d’essence. La conseillère de la banque nous donne le numéro de l’assistance VISA, ils pourront peut-être nous faire une carte de remplacement, mais nos téléphones ne nous permettent pas d’appeler… On étudie une solution d’envoi d’argent en espèce par Western Union, mais la seule agence du coin est à Moab, 100 km derrière nous…

Heureusement la solution vient de la carte bancaire personnelle d’Isabelle qu’elle gardait au fond de son portefeuille. Tentative dans un distributeur de billets, banco, ça fonctionne. Ouf ! Le voyage continue !

Que d’émotions. Élise vient de se réveiller, on trouve un super terrain de jeu dans Green River, et on déjeune tranquillement au soleil. Élise s’éclate.

Après les émotions du matin, Élise profite du terrain de jeu

On reprend la route en direction de Capitol Reef. Ce ne sont que d’immenses lignes droites, on met le Cruise Control (le régulateur de vitesse) sur 65 miles/hour (environ 110 km/h) et vogue le camion, il n’y a qu’à tenir la barre et regarder le paysage, un grand désert monotone. A partir de Hanksville, le relief commence à se former. Arrêt à la Mesa Farm Market, une boutique de produit de la ferme bio, on prend du fromage de chèvre, de la tomme et du pain, un peu cher (pas grave maintenant qu’on a des sous !).

La route commence à rentrer dans une vallée qui se transforme rapidement en canyon. On suit la Fremont River. En fait nous sommes quasiment déjà dans le Park National de Capitol Reef. Au passage, on fait un arrêt près de pétroglyphes dans la falaise, puis au Visitor Center pour récupérer un plan du parc. On mange à Fruita, superbe oasis de verdure dans ces canyons secs. Le vent s’est encore levé, et ça devient franchement pénible, ça fait plusieurs jours que ça dure.

Devant les pétroglyphes

Repas à Fruita, une oasis de verdure

L’après-midi, nous prenons la Scenic Drive, la route panoramique qui s’enfonce dans le parc. C’est encore un défilé de couleurs et de roches de toutes les formes, imbriquées entre elles ou réparties en couche bien distincte. Un géologue doit se régaler dans ces reliefs.

Sur la Scenic Drive, en montant vers Capitol Gorge

Arrivé au terminus du goudron, nous continuons sur une piste en terre qui s’enfonce entre les parois de la Capitol Gorge où nous laissons le fourgon après 3 km de poussière. La randonnée commence au parking au fond de la gorge, nous partons sur le sable du canyon. Il y a de nombreuses gravures sur les parois tout au long de la descente. Ce sont les des inscriptions de noms et de dates des premiers explorateurs. Certains ont même gravé leurs initiales à coup de révolver en hauteur, on voit nettement les impacts. Sacré Cowboys !

Entrée de Capitol Gorge en voiture

Le parking de Capitol Gorge

Pionner Register (le registre des pionniers)

Chaleur dans Capitol Gorge

Encore des inscriptions sur les parois

Les premiers colons ont inscrit leurs noms

Plus loin, on quitte le lit de la rivière pour remonter un des affluents en roche jusqu’à des bassines d’eau (Tank) creusées par l’érosion, fin de la randonnée.

Dans Capitol Gorge

Montée vers les Tanks (bassins)

Arrivée aux Tanks

Tempête de vent dans Capitol Gorge

Inscriptions faites à coup de révolvers !

Sur le Scenic Drive, un monstre !

Retour au camion, puis on change de parking pour aller faire la randonnée de l’arche la plus célèbre du coin, Hickman Natural Bridge. Isabelle et Élise restent au camion, et je fais l’aller-retour très rapidement.

En montant vers Hickman Natural Bridge

L'arche de Hickman Natural Bridge

Nous quittons le parc vers 18h30 pour trouver un endroit pour dormir. On a repéré, sur l’application un coin qui semble bien. Dès la sortie du parc, il y a plusieurs endroits où les fourgons et camping-car sont arrêtés. Nous stoppons sur une vaste colline allongée et plate à son sommet. Un endroit idéal, s’il n’y avait pas ce vent qui bouscule le van et nous empêche de sortir profiter de la nature et du soleil. Repas puis coucher de soleil magnifique sur les falaises.

Notre bivouac venteux

C'est bon, le camion est de niveau, nous pouvons dormir !


Les photos de la journée : https://photos.app.goo.gl/dVig8WLMpYQK8iKv9